Le prix des véhicules électriques : une barrière persistante
Le principal frein à l’accessibilité reste le coût de production, fortement impacté par le prix des batteries, qui représente en moyenne 30 à 40 % du prix final du véhicule. En France, les coûts de main-d’œuvre, d’énergie et de matières premières sont plus élevés qu’en Asie, où la majorité des batteries sont produites à bas coût. Résultat : les voitures électriques françaises peinent à concurrencer les modèles importés, notamment ceux venus de Chine.
Même avec des plateformes partagées et des gains d’échelle, la production nationale reste désavantagée sur le plan économique. Certains constructeurs en viennent même à externaliser partiellement la fabrication de leurs composants pour contenir les prix.
Pourquoi produire en France reste un choix stratégique
Pourtant, maintenir une production sur le sol français n’est pas qu’une question de patriotisme économique. C’est aussi un enjeu de souveraineté industrielle. En rapatriant des activités clés comme l’assemblage des batteries ou la fabrication des moteurs électriques, les groupes comme Renault, Stellantis ou Verkor cherchent à sécuriser leur chaîne d’approvisionnement face aux tensions géopolitiques.
Par ailleurs, produire localement permet de répondre plus facilement aux normes environnementales européennes, de bénéficier des aides de l’État dans le cadre du plan France 2030, et d’offrir des délais de livraison plus courts aux concessionnaires et clients.
Vers une voiture électrique à moins de 25 000 € : mission impossible ?
L’objectif de nombreux constructeurs est clair : proposer un modèle 100 % électrique sous la barre des 25 000 €, bonus écologique compris. C’est le cas de la future Citroën ë-C3, ou encore de la R5 électrique de Renault, qui vise un positionnement plus abordable que la Zoé.
Pour y parvenir, l’enjeu repose sur une industrialisation plus intelligente, reposant sur :
- Des plateformes dédiées aux petits véhicules (ex. : la plateforme AmpR Small de Renault)
- Une mutualisation des composants électroniques et des logiciels embarqués
- La localisation des chaînes de valeur stratégiques (batteries, moteurs, électronique de puissance)
Mais même avec ces efforts, les marges restent très réduites sur ce segment, ce qui pousse certains industriels à privilégier les véhicules plus chers et mieux margés.
L’impact de l’électrique sur les sites industriels français
La transition vers l’électrique pousse de nombreuses usines à se reconvertir. C’est le cas à Douai (Renault), Trémery-Metz (Stellantis) ou encore Flins (recyclage et reconditionnement). Ces transformations nécessitent des investissements massifs, tant pour adapter les outils de production que pour former les salariés à de nouveaux métiers.
Le défi, pour l’industrie, est donc double : maintenir l’emploi tout en améliorant la compétitivité. Dans certaines régions, cette mutation s’accompagne d’un risque de désindustrialisation partielle si les volumes produits ne suivent pas.
Quel avenir pour la voiture électrique française abordable ?
Si la France veut rester compétitive tout en rendant les véhicules électriques accessibles au plus grand nombre, elle devra :
- Accélérer la montée en puissance de ses « gigafactories » (batteries, moteurs, électronique)
- Soutenir l’investissement dans l’automatisation et la robotisation
- Mieux coordonner ses aides publiques avec les objectifs industriels des constructeurs
- Protéger son marché face aux importations ultra-compétitives, sans tomber dans le protectionnisme
La course est lancée. Produire une voiture électrique abordable en France n’est pas impossible, mais cela implique de repenser entièrement le modèle industriel existant, avec des choix technologiques et économiques forts. Le défi est immense, mais il peut devenir un levier stratégique pour relancer une industrie en quête de renouveau.
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